Voici la suite du raid de Dimitri et Amélie (« blogueurs invités ») le long de la cote Vermeille : Espagne à l’horizon !
Jour 4
Réveillé avant le lever du soleil comme d'habitude. Amélie dort encore, je refais un tour au port de Banyuls pour remplir les bouteilles d'eau. Je récupère au passage deux planches de bois qui me serviront à renforcer mon rack à bagages, qui s'est déformé hier au-delà du raisonnable.
Nous commençons à nous faire au rythme que nous garderons : petit déj vers 9h, et prêts à appareiller vers 11h. Grand soleil, température agréable sur la plage.
Navigation facile encore jusque Colera (l'Espagne déjà !). Nous nous arrimons vers 13h à une bouée de l'école de plongée locale. Nous nageons jusque sur les rochers de la côte, puis retour, avant de transformer le trampoline en cuisine flottante (retrouvé sur Google-earth 42°24'58"N 3°10'15"E).
Nous repartons, ramassons un ballon qui flotte en mer sur notre trajet, et après un moment, nous cherchons un point de chute. Nous avons passé el Port de la Selva, les criques nous semblent encaissées et le vent, qui a bien forci, vient du Nord-Est, il peut s'engouffrer dedans. Par crainte de ne pas maîtriser le bateau dans l'aérologie perturbée d'une crique trop petite pour manœuvrer facilement, nous décidons de passer le cap de Creus pour rallier Port Lligat. Tant pis pour les sites magnifiques qui nous avaient été conseillés !
Le passage du cap de Creus se fait sans encombre. Nous passons au large du banc de rochers, contrairement aux bateaux à moteur.
Le soleil descend à l'horizon. Encore une heure et la visibilité sera insuffisante.
Difficile de trouver Port Lligat depuis la mer, ce port est complètement abrité derrière des rochers. Après avoir accosté (42°17'08.48"N 3°17'45.51"E), j'aborde deux autochtones qui me font comprendre que nous avons passé Port Lligat ! Vu le caractère inhospitalier de la crique où nous sommes, nous décidons de rebrousser chemin et de trouver le joli village.
Le soleil est maintenant couché, et nous longeons la côte de près pour être sûrs de ne pas rater Port Lligat à nouveau. Un kilomètre pour contourner une pointe rocheuse et l'espoir renaît, mâts en vue ! Nous relevons les dérives pour passer entre la côte et la grande île qui nous a caché Port Lligat un peu plus tôt.
Un autre kilomètre et nous accostons sur une plage jonchée de barques de pêcheurs. La lune nous aidera a monter la tente. Amélie me traîne à une paillotte où nous nous remettons de 8h de navigation.
Bilan : à vol d'oiseau 25 km, environ 35 km parcourus.
Jour 5
Lever vers 6h, quelques photos puis je marche vers le village.
Je demande au « guardia civil » dans son 4x4 s'il connait la météo. Réponse : « forsa quatro »
Après petit-déj et paquetage, nous faisons un tour dans le village, autour du musée Dali.
Port Lligat - Cadaquès
Après avoir donné le ballon à un gamin qui passait près du bateau, nous appareillons. Cap sur Cadaquès, grand ciel bleu, Amélie ne pourrait pas passer à côté de cette ville sans y flâner un peu. Nous en profiterons pour manger espagnol et pour avoir les prévisions météo plus en détail.
Arrivés vent arrière sur la plage de galets, les gens de l'escuela de vela me demandent d'amarrer à une bouée pour ne pas encombrer la plage.
Amélie débarque, je repars, je tire quelques bords, j'attrape une bouée, et je rejoins Amélie à la nage. La seule voile visible depuis la plage est notre bateau. Les Espagnols préfèrent le moteur.
Cadaquès
Même si je préfère les pique-niques aux repas au restaurant, quelques tapas ne font pas de mal.
A l'office de tourisme, les prévisions météo sont bonnes, mais on annonce du vent de secteur Sud pour quelques jours, puis vent de secteur Nord. Pour revenir assez rapidement sur Saint-Cyprien, nous allons profiter du vent de sud. On repart donc dès maintenant vers la France.
Cadaquès – Puerto de la Selva
Le vent a largement forci, effectivement le forsa quatro doit y être.
Problème pour nous : pour sortir de l'anse de Cadaquès, il va falloir remonter au vent.
Impossible avec ce vent de sortir à la pagaie.
Pour un pourboire large, nous nous faisons déposer sur notre bateau par une navette. Nous gagnons déjà une centaine de mètres.
Avant que nous ayons largué l'amarre, le zodiac de service du port vient nous signaler que nous n'avons pas le droit de rester amarrés ici. J'ai la conscience tranquille, mais pas glop.
Ici, la galère commence !
Le port de Cadaquès mi-août, c'est des bateaux amarrés partout, sauf dans des chenaux d'une trentaine de mètres de large.
Pour remonter au vent, nous essayons de tirer des bords en passant le moins possible au milieu des corps morts. Assez sportif avec ce vent. Si on avait su faire des virements un peu moins ratés, ce serait peut-être passé...
Abrégeons les souffrances : après quelques bumps dans des bateaux ci et là, nous appelons à l'aide le zodiac de service.
Merci à lui d'avoir accepté de tracter sur 500 mètres des inconnus qui squattaient une bouée !
A partir de là, nous sommes tirés d'affaire. Plusieurs centaines de mètres de largeur pour remonter au vent, on sait faire.
Ensuite, petit largue vers le cap de Creus. En confiance, mais avec une brise bien soutenue. Tout va bien jusqu'au cap de Creus. Ensuite il faut suivre la côte, et on se retrouve quasiment vent arrière.
Résumons la situation : vent arrière, 55 kg et 65 kg d'équipiers, 30 kg de matériel à l'avant du mât, et de la houle. Le bateau fuse, et évidemment, toutes les 30 secondes, l'étrave commence à enfourner.
Il faut rentrer le foc qui est monté sur un enrouleur. C'est forcément à ce moment que le point d'amure du foc se déchire, et que le foc ne peut plus s'enrouler ! Après quelques manœuvres d'enroulement manuel du foc, nous abandonnons et nous le laissons battre.
Fin du trajet grand largue sans autre encombre.
Merci aux bateaux à moteur qui passaient à proximité pour s'assurer que nous n'avions pas besoin d'aide. C'est un peu au-delà de ce qui était prévu pour notre niveau...
Une lecture de carte et un peu de grand largue plus tard, nous arrivons dans la première grande baie qui porte bien son nom : Puerto de la Selva ! Arrivée vent de travers sur la plage de galets du camping, à quelques encablures à l'Ouest de la ville.
Puerto de la Selva
Voyage éprouvant pour les nerfs et les muscles, mais la bonne brise qui souffle dans la baie m'appelle encore... Amélie, enceinte de trois mois, est out, je repars seul et motivé comme jamais pour une demi-heure « bordé au taquet », à naviguer à côté d'un planchiste qui s'éclate aussi.
La fin de la séance est marquée par un chavirage. A force de jouer sur une coque et d'avoir l'écoute de grand-voile qui traîne à l'eau...
Mais... que se passe-t'il ?
Le bateau a chaviré, et il est en train de chapeauter ! A peine le temps de réaliser, c'est fait. Le mât est à la verticale vers le bas. Evidemment, le téléphone et l'appareil photo, qui n'ont pas été installés dans les bidons étanches lors du départ mouvementé de Cadaquès, sont en train de passer l'arme à gauche...
Amélie m'avait prévenu : si on chapeaute, c'est super-dur de redresser le bateau... Et elle parlait des HC16 avec deux équipiers... Alors moi, tout seul au milieu de la baie, avec mes 65 kg et le 18 pieds, c'est impossible ? Heureusement, non ! Assez facile à remettre à plat avec le bout de ressalage.
Ensuite, un jeu d'enfant avec la barre de ressalage maison et la brise. Heureusement : j'ai déjà bien dérivé vers la côte rocheuse à l'ouest de la baie.
Pendant ce temps, Amélie est partie à la nage pour m'aider...
Pas de chance, je redécolle sans la voir, et eller rentre sur la plage à la nage !
La fin de la journée : dégréer, déballer les affaires trempées, installer la tente, remercier Martine et Philippe pour leurs propositions de soupe chaude et de linge sec, ...
Bilan :
Point d'amure du foc HS, le foc ne s'enroule plus.
Re-déchirure du foc juste à l'avant de la réparation faite avant de quitter St-Cyprien.
Un chariot de poulie de foc HS, le chariot n'est plus arrêté que par la pièce plastique en bout de rail.
Accessoirement, appareil photo et téléphone HS. Nous devons les photos suivantes à Philippe.
La fin dans un prochain billet !
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